Vous avez dit diacre ?
- Bruno Lachnitt
- il y a 7 jours
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Dernière mise à jour : il y a 4 jours
J’étais avec mon épouse Catherine au Jubilé des diacres à Rome, du 21 au 24 février dernier. L’occasion d’expliciter un peu ce qu’est un diacre, car la lisibilité de ce ministère dont on fête cette année les soixante ans du rétablissement dans sa forme permanente, n’est pas évidente. Forme permanente, c’est-à-dire des hommes qui sont ordonnés diacres non pas en vue du sacerdoce, mais pour rester diacres, et parmi eux, depuis soixante ans, il y a des hommes mariés. On reconnaît les diacres dans la liturgie à leur étole portée en travers sur l’épaule gauche, un peu comme l’écharpe des élus de la République mais eux la portent sur l’épaule droite.

Comme nous le disait le Cardinal Jean-Marc AVELINE dans son homélie pour la messe d’ouverture[1] de la délégation des diacres français, « on est souvent tenté de comparer votre ministère à celui du prêtre, en relevant ce que vous faites « de moins », ou bien à la mission du laïc, en cherchant ce que vous faites « de plus », et dans les deux cas, c’est un peu court ! C’est au ministère de l’évêque que vous êtes directement liés, et ce n’est qu’en relation avec le ministère épiscopal de communion que le vôtre prend sens ».
Voilà une première indication essentielle. Et si le ministère du diacre prend sens en relation avec le ministère de communion de l’évêque, c’est parce qu’il « rappelle, à temps et à contretemps, que la communion est encore imparfaite tant que les pauvres ou les plus éloignés n’ont pas été rejoints ». Voilà le signe qu’est au cœur de l’Eglise le ministère diaconal. « Paradoxalement, votre ministère est central, nous disait encore Jean-Marc AVELINE, parce qu’il décentre l’Église d’elle-même. Alors que, par vocation, vous devez vous rendre proches de ceux qui sont le plus loin des réseaux ecclésiaux, vous êtes, dans la liturgie diocésaine, placés au plus près de l’évêque, juste à côté de sa cathèdre, non pas pour démontrer votre savoir-faire liturgique, mais plutôt pour signifier la prédilection du Seigneur pour ses enfants les plus fragiles, ceux que la société éloigne et que la miséricorde de Dieu va chercher en premier ».
Dans la même veine, le Pape François dans son homélie écrite pour l’occasion et lue par le Cardinal FISICHELLA, nous disait : « Votre action concertée et généreuse sera ainsi un pont qui reliera l’autel à la rue, l’eucharistie à la vie quotidienne des gens. La charité sera votre plus belle liturgie et la liturgie votre plus humble service. »
Il est vrai que dans la liturgie de l’eucharistie, le diacre ne fait pas grand-chose, sinon d’être là comme signe de l’incomplétude de notre communion, signe nourri par notre présence au dehors auprès de ceux qui manquent et que nous portons avec nous par notre présence à l’autel. Si l’on prend au sérieux ce qui précède, on comprend bien que le diacre n’est pas là pour suppléer au manque de prêtres en multipliant les baptêmes et les mariages, même s’il peut en faire, pas plus qu’il n’est un super laïc et c’est aussi une tentation d’appeler au diaconat chaque laïc engagé comme si c’était forcément l’aboutissement de cet engagement. « C’est là, nous disait encore le Cardinal AVELINE, toute la dignité, et parfois tout l’inconfort, de votre ministère, qui enrichit grandement la vie diocésaine et stimule sur le chemin de la sainteté non seulement tous les baptisés, mais aussi les autres ministres ordonnés, prêtres ou évêques, leur rappelant que la dimension diaconale reste à jamais au fondement de leurs vocations ».
Puisse-t-il en être ainsi et je vous remercie de m’aider, malgré mes limites évidentes, à être plus ajusté à ce que le ministère que j’ai reçu m’appelle à signifier au milieu de vous.
Bruno LACHNITT, diacre permanent
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