Homélie de Michel DURAND, dimanche de l’Epiphanie : 5 janvier 2025
La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6)
Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi. (cf. Ps 71,11)
« Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)
Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)
J’ai à l’esprit l’importance de la mission que doivent vivre tous les chrétiens de toutes les paroisses du monde. Cesare Baldi rappelle dans son livre, L’Église c’est nous, le devoir missionnaire de tous les baptisés. Et la fête de l’Épiphanie, manifestation de Dieu à des savants, des sages, des rois étrangers à Israël, indique que Jésus enfant concerne tous les humains de la Terre.
« Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore ». Première lecture.
André Sansfaçon, prêtre canadien, rappelle que « Les mages sont pour nous un exemple. Toute démarche pour trouver le Roi impliquait un appel, un pèlerinage et une rencontre. Les mages sont entrés dans un mouvement de recherche. Ils n’étaient pas statiques, mais dynamiques. Ils ont entendu l’appel et ils ont répondu à cette voix intérieure. Ils ont entrepris de partir, de prendre la route et de vivre une rencontre qui a transformé leur existence ».
Comment les disciples missionnaires que nous sommes, arrivent-t-ils à dialoguer avec leurs voisins pour révéler la présence du Christ qui nous accompagne ?
J’invite à “suivre” la deuxième lecture. Pour cela, il nous faut savoir qui est Paul, l’auteur de cette lettre aux Éphésiens. J’avoue ressentir diverses connivences avec cet apôtre.
Paul est né loin de Jérusalem, à Tarse en Cilicie (Actuelle Turquie - Anatolie méridionale). C’est un membre de la diaspora juive ; il est informé des coutumes païennes romaines et grecques, religions non juives. Ses parents l’ont éduqué à une vie pluriculturelle, ouverte à tous les courants de pensée. Réussir dans les affaires devait être leur premier souci.
Assurément, Paul avait une ferveur religieuse qui dépassait et inquiétait son entourage. Il veut connaître la Loi biblique d’Israël et pour cela se rend à Jérusalem dans une école supérieure d’enseignement de la Torah (La Bible, la Loi juive). Certains historiens le décrivent comme un jeune fou, surexcité, fanatique, prêt à tous les coups pour que triomphe la cause des pharisiens. Je me l’imagine avec des vêtements qui signalent son intégrisme religieux. Il est donc dangereux de le rencontrer, car il peut tuer au nom de sa religion. C’était son but quand il se rendit à Damas avec des lettres accréditant son pouvoir d’arrêter des fidèles du Christ Jésus (Ac 9,1ss). Il me semble qu’il n’est pas illusoire de comparer le Paul de cette époque avec les intégristes sectaires de toutes les religions.
Nous pouvons penser à l’attaque terroriste au nom de l’État Islamique à la voiture-bélier aux États-Unis, ce 1er janvier 2025. Et, que dire de l’attaque sur un marché de Noël à Magdebourg le 21 décembre ? L’homme aurait agi seul. Était-ce une action contre la tendance de la période de Noël à survaloriser la consommation ? Ne sommes-nous pas nombreux à penser que la fête de Noël est trop vécue dans le consumérisme ? Ma méditation prolonge celle de Noël.
Nous avons besoin d’espérance. Comment oublier que nous sommes profondément plongés dans une crise qui est tout autant financière qu’humaine ?
Parlons maintenant de ces savants qui, de très loin, viennent se prosterner devant un bébé. Ils ont une conviction qui les ont propulsés en dehors de leur pays, au risque de leur vie. Ils sont quand même prudents.
« Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ».
Paul, après avoir été bouleversé par le Christ qui s’est montré à lui dans son corps de ressuscité entre désormais dans la tendance de celles et ceux qui acceptent de quitter le ronronnement de la vie quotidienne. Il est dans les pas des « mages-savants » aptes à reconnaître la grandeur de Dieu dans le fils d’une femme.
« Par révélation, il m’a fait connaître le mystère (du Christ) ».
« Ce mystère, c'est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile. »
Que veut dire mystère ?
Le mot mystère s'emploie couramment pour parler de ce qui est secret, ou caché. Dans l’Église on définit le mystère comme une vérité inaccessible à la raison, mais que Dieu donne à connaître en se révélant. Le mystère ne signifie pas que la foi et les vérités de foi soient contraires à l'intelligence et à la raison, mais qu'elles en dépassent les limites. La démarche de la raison ne suffit pas pour introduire dans la plénitude de sens des mystères, il faut une disposition intérieure d'accueil au don gratuit de Dieu. Une grâce.
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