
Homélie de Michel Durand, 8e dimanche du temps ordinaire, 2 mars 2025
Appel à la conversion bien venu quelques jours avant l’entrée en carême que nous vivrons en ce lieu ce mercredi 5 mars, mercredi des cendres
la paille et la poutre
« Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé » (Si 27, 4-7)
Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! (cf. Ps 91)
« Dieu nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 15, 54-58)
« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)
L’écoute de Ben Sira le Sage est vraiment d’actualité. En son temps, Coluche aurait dit : « Mieux vaut se taire et passer pour un con que de l’ouvrir et ne laisser aucun doute sur le sujet. »
Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Luc 6,45
Les personnes qui ont préparé cette liturgie notent, brièvement - je cite quelques phrases :
« Parole au début de la 1ère lecture. :
les petits côtés d’un homme apparaissent dans ses propos.
et parole à la fin de l’évangile
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ».
Et encore : « on est soit bon soit mauvais ; il n’y a pas de milieu. Vue l’importance des mots, faisons attention aux discours trompeurs, aux mensonges d’hommes politiques. Il faut que la parole soit vraie ».
Soyons attentifs à la cohérence entre paroles et vie. Ainsi, l’arbre bon donne des fruits comestibles, bons à manger ; l’arbre mauvais ne peut pas en donner. Ne devons-nous pas voir en cela un appel à conversion ? Par exemple : commencer par se mettre soi-même en cause avant de s’occuper de l’autre… la poutre, en soi devant la paille chez l’autre.
“Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil” ; alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Cet appel à la conversion est bien venu quelques jours avant l’entrée en carême que nous vivrons en ce lieu ce mercredi 5 mars, mercredi des cendres.
Oui, le carême est une occasion de nous convertir, de nous retourner, de nous transformer. Une occasion pour quitter nos tentations de domination afin de vivre selon la puissance du service. La puissance que le Christ met en nous est service et amour du prochain. Charité. Telle est notre recréation par le Christ. Conversion.
Adam le premier homme a succombé à la tentation. Christ le nouvel homme sort vainqueur de la tentation. À sa suite nous pouvons vaincre le mal. Au lieu de dominer le monde, terrestre, animal et humain, nous le servons. C’est tout l’appel de l’écologie. Laudato si’. Recréée par le Christ, notre puissance est de service. L’Église est en mission : charité pour tous, en commençant par les plus faibles.
Or, nous observons qu’il n’en est pas ainsi. Toutes les guerres, politiques partisanes, militaires et économiques en témoignent. Mais nous vivons d’espérance, surtout en cette année jubilaire où nous prenons conscience que nous sommes « pèlerins d’espérance » et, bientôt, en ce temps de carême : marchons. Ensemble dans l’espérance.
François de Rome le dit : « La devise du Jubilé, “pèlerins de l’espérance”, nous rappelle le long voyage du peuple d’Israël vers la Terre promise, raconté dans le livre de l’Exode : une marche difficile de l’esclavage à la liberté, voulue et guidée par le Seigneur qui aime son peuple et lui est toujours fidèle ».
Avec le Christ, vivre une conversion.
C’est alors ressembler le plus possible à Jésus, le Christ, Dieu devenu homme parmi les hommes. Jésus nous a montré que la puissance qui est en nous, nous avons tout intérêt à la mettre au service des plus faibles.
Dans la préparation de cette eucharistie il fut dit : « On doit prier pour tous ceux qui doivent prendre la parole. Prier pour qu’il y ait une parole qui soit juste, vraie, constructive ».
Et prier pour que nous vivions d’espérance ! Prier pour notre conversion en Église. Conversion de l’Église. Tous ensemble - synodalement.
L’apôtre Luc, dans son évangile présente des attitudes d’amour et il invite à se souvenir que toute domination de l’autre est à rejeter. Vivons cela individuellement et communautairement, ecclésialement.
Oui, l’Évangile nous rappelle que le Christ nous invite à le suivre et à l’imiter. Lui, Jésus passe en faisant le bien (Ac 10, 38). De même, nous, nous devons faire le bien, individuellement et communautairement.
Voir la paille dans l’œil de l’autre, quoi de plus facile ; l’humain le fait régulièrement. Seulement, voir la paille dans son propre œil, cela est plus difficile. Et, si nous la voyons, n’aurions-nous pas tendance à en diminuer la taille ? Nous sommes disciples et nous ne sommes pas aveugles tout en nous sachant imparfaits. D’où notre désir de conversion. Marchons ensemble dans l’espérance pour aimer avec nos imperfections, en ayant trouvé le bon équilibre et en produisant de bons fruits tout en repérant les branches sèches à jeter. Pour cela, il importe que nous restions tournés vers la Lumière qui éclaire nos ombres.
Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit ; sans moi vous ne pouvez rien faire. (Jn 15,4-5)
L'apôtre Paul écrit :
"mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur."
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