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Jean-Marc Thomasset

Homélie de Michel Durand, 29e dimanche du TO : 20 octobre 2024


Homélie de Michel Durand, 29e dimanche du temps ordinaire, 20 octobre 2024

Notre-Dame-Saint-Alban était devenue la paroisse phare d’un réseau de catholiques sociaux militants, impliqués dans des groupes de réflexion

Publié le 19 octobre 2024 par Michel Durand


« S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours » (Is 53, 10-11)

Que ton amour, Seigneur, soit sur nouscomme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)

« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce » (He 4, 14-16)

« Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 35-45)


 

Est-ce un appel de la Providence ?

Je trouve qu’il y a une merveilleuse harmonie entre l’Évangile de ce jour et le choix que vous avez réalisé (certains d’entre vous ont réalisé) de célébrer en ce jour le 100e anniversaire de la naissance de l’Église à Notre-Dame-Saint-Alban.

Il y a une merveilleuse harmonie entre ce que vécut Laurent Remillieux et ce que vivent aujourd’hui des laïcs chrétiens, des pasteurs, des théologiens, des disciples missionnaires pour que la Bonne Nouvelle soit vraiment annoncée à celles et ceux qui sont loin de la Vérité. Pour le prouver, il faudrait lire Christophe Theobald, par exemple son ouvrage « Le courage de penser l’avenir », ce que nous faisons à quelques uns, ou bien dialoguer avec Cesare Baldi dans le sens de son livre : « L’Église c’est nous ».

En fait ce n’est pas une homélie seulement qui devait être prononcée, mais vivre toute une journée d’étude, un séminaire, un colloque qui mériterait de s’organiser avec, notamment les études de Nathalie Malabre, Le Religieux dans la ville du premier vingtième siècle : la paroisse Notre-Dame Saint-Alban d'une guerre à l’autre, (2006)

Une étude où l’on découvre que « Notre-Dame-Saint-Alban était aussi devenue la paroisse phare d’un réseau de catholiques sociaux militants, impliqués dans des groupes de réflexion philosophique et théologique, les combats de la démocratie chrétienne, ceux des pacifistes en faveur du rapprochement franco-allemand, les débuts du mouvement œcuménique ou les débats sur le laïcat consacré ».

Sans oublier, assurément, le livre de Joseph Folliet. Le Père Remillieux. Voir ici.

 

Une merveilleuse harmonie !

Être au service des personnes…

À Jacques et Jean, les fils de Zébédée, Jésus disait :

Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur… Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Il importe d’expliquer le mot « rançon ». J’indique avec Marie-Noëlle Thabut -selon des notes prises en 2012 - que le mot « rançon » ne peut pas être pris dans le sens que nous lui connaissons actuellement. « Aujourd'hui, quand nous entendons le mot rançon, c'est dans le contexte d'une prise d'otage ; il s'agit de payer la somme exigée par les ravisseurs, seul moyen d'obtenir la libération du prisonnier ». À « l'époque du Christ, au contraire, le mot "rançon" signifiait la libération, c'est-à-dire la seule chose importante ». Le mot grec (lutron) qui a été traduit par rançon est dérivé d'un verbe qui signifie « délier, détacher, délivrer ».

« C'est donc, dit Marie-Noëlle Thabut, un contresens, par rapport au texte grec de l'évangile de Saint Marc, d'imaginer que Jésus doive payer quelque chose pour nous ». Et pourtant, il y eut (et il y a) toute une spiritualité, appuyée d’arguments théologiques, pour dire que Jésus paya le tribut nécessaire, le juste prix, afin de racheter à Satan l’humanité prisonnière du péché tout en apaisant le la colère de Dieu.

Parler ainsi, c’est ne pas connaître l’ensemble de la révélation biblique où Dieu manifeste constamment sa miséricorde. En effet, « toute la Bible, raconte la longue entreprise de Dieu pour libérer son peuple (Israël) d'abord, et toute l'humanité ensuite, de tous ses esclavages de toutes sortes. Dieu est le Dieu libérateur, c'est le premier article du credo d'Israël ».

André Sansfaçon, dit qu’il « faudrait pour notre compréhension remplacer le mot rançon par en faveur de. Le fils de l’homme donne sa vie en faveur de la multitude ».

Se mettre au service de l’humanité.

N’est-ce pas ce que fit Laurent Remillieux ? Ce que, suite au baptême qui nous constitue prêtre, prophète et roi, nous sommes tous invités à faire. Ecouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique.

Nathalie Malabre écrit dans son article : La passion d’un prêtre français pour l’Allemagne wilhelmienne : « Dans l’ouvrage de Jean-Claude Delbreil sur Les catholiques français et les tentatives de rapprochement franco-allemand (1920-1933), l’engagement de Laurent Remillieux, alors curé de la paroisse lyonnaise Notre-Dame Saint-Alban, est saisi dans son immédiateté, dans sa diversité et dans toute sa ferveur. Son action et son insertion dans différents réseaux de ce rapprochement franco-allemand sont soulignées pour montrer l’originalité de son apport : il mêla la réflexion spirituelle menée sur l’universalité de l’Église à ses activités paroissiales et se donna comme l’un des « agents de liaison » des catholicismes français et allemand. Comment expliquer l’engagement de l’abbé Remillieux ? Tout au long de son ouvrage, Jean-Claude Delbreil offre des clés, qui nous permettent de replacer cet engagement au sein du catholicisme français des années vingt. »Voir ici

Dans votre préparation liturgique (à Notre-Dame Saint-Alban) vous avez repris ces mots : Humilité ; service ; pas de hiérarchie mais écoute ; le prêtre écoute les autres ; il est frère et pas père. Seul Dieu est Père. Cette fraternité entraîne une eucharistie célébrée tous ensemble, en face à face et en français. Laurent Remillieu voulait que les gens se sentent chez eux à l’église. Bien avant Vatican II, il a cassé les codes comme Jésus Christ cassa les codes, des usages dénués de sens.

 

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