« Après la faute tu accordes la conversion » (Sg 12, 13.16-19)
Toi qui es bon et qui pardonnes, écoute ma prière, Seigneur. (Ps 85 (86), 5-6, 9ab.10, 15-16ab)
« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables » (Rm 8, 26-27)
« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13, 24-43)
Avec l’évangile de ce jour, nous prolongeons celui de dimanche dernier. J’ai encore choisi la lecture complète et, comme dimanche dernier, je note que, suite à l’annonce sous la forme d’une parabole, Jésus, comme dans une homélie, explique son message. Il y a l’ivraie, le grain de moutarde, le levain : trois paraboles ; Jésus explique pourquoi il parle en paraboles.
La parabole de l’ivraie dans le champ de blé, longuement développée et expliquée, invite à réfléchir sur la vie de l’Église. Certains baptisés, voudraient que toute la vie soit parfaitement conforme à la morale chrétienne. Ils sont intransigeants pour autrui à défaut, parfois, de l’être pour eux-mêmes. Mais l’Église n’est pas composée uniquement de « purs », de « saints ». Saint Augustin en parle en disant qu’elle est toute de mélange. Le bon et le mauvais se côtoient. L’acceptable et l’inacceptable se rencontrent en elle.
Comme dimanche dernier, j’oriente ma méditation vers la communauté, l’Église locale (la paroisse) dans son insertion dans le monde.
Tout d’abord, je souhaite rappeler qu’une parabole est une histoire racontée pour illustrer un enseignement. Le mot grec « parabolé » indique qu’il y a l’idée de comparaison. Au temps de Jésus, cette façon de s’exprimer pour développer une pensée est fréquente. On multiplie les images :
« Le royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ ».
« Le royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde ».
« Le royaume des cieux est comparable à du levain ».
Après la comparaison, peut venir l’explication :
« Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans les champs »
Notons que dans le genre de la parabole, deux éléments sont essentiels :
1°) le recours à la comparaison qui donne l’avantage de demeurer dans le concret, dans le quotidien, l’actualité.
2°) l’aspect énigmatique de l’expression. On souligne un mystère propre à exciter la curiosité, à inciter la recherche, à souligner l’importance, voire la transcendance de l’enseignement livré.
Et voilà une nouvelle parabole, telle que j’ai pu l’imaginer en juillet 2014 :
Le Royaume des cieux est comme une maison paroissiale habitée par des chrétiens non intransigeants ; maison ouverte de tous les côtés sur la place publique. Chacun entre et sort comme il le désire. À chaque passage, il s’imprègne d’une si bonne odeur que les gens de l’entourage en sont émerveillés. D’où vient cette sublime senteur gratuitement offerte ? Allons voir. Entrons. Laissons-nous progressivement pénétrer, et ressortons joyeux de sentir si bon pour soi et pour les autres.
Le mystère du Royaume de Dieu et de la personne de Jésus est si neuf, si grand, qu’il ne peut que se manifester petit à petit en respectant les réceptivités diverses des visiteurs. Il est cette odeur qui se diffuse naturellement, progressivement.
C’est à cause du respect des diverses possibilités de comprendre que Jésus demande que l’on ne dise pas trop vite ce qu’il est vraiment : le Messie, l'envoyé de Dieu.
Dans la parabole, il y a du suspens. Un voile cache en partie le message annoncé. On voit un peu. On voudrait voir plus. On pressent ce qui se dit à mi-mot, alors on désire tout connaître. C’est le désir suscité en nous par l’énoncé sous forme de parabole qui donne le courage d’aborder l’explication complète. Émoustillés par la parabole, nous devenons motivés pour entendre, en langage clair et précis, ce que Jésus a voulu dire. Nous devenons prêts à accepter ce que l’oreille n’a jamais entendu, ce qui est inouï.
« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ».
Le disciple du Christ est signe. Il montre la vie de Dieu.
Dieu dégage une bonne odeur ; nous nous en imprégnons ; le disciple sentira bon et la maison paroissiale deviendra source de bonne odeur. Le bon grain sera immédiatement séparé des plantes nuisibles.
Le citoyen qui rencontre un baptisé conscient de son baptême sera alors séduit, curieux de sa raison de vivre. Autrement dit, la vie des chrétiens - leur mode de vie - suggère d’agréables et importantes questions. Et c’est en répondant à ces justes curiosités que nous développerons notre approche du mystère divin. Toute notre vie est une parabole. Tout vie christique est mission.
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