Homélie de Bruno Millevoye, 5e dimanche du temps ordinaire, 5 février 2023
C’est un beau texte que nous avons entendu, que nous connaissons, que nous aimons entendre. Il est régulièrement choisi pour les mariages. A travers lui, deux personnes disent ce qu’elles sont l’une pour l’autre, ce qu’elles attendent l’une de l’autre, ce qu’elles veulent être pour les autres. Ce passage d’évangile donne une belle image de l’engagement.
Nous aimons l’entendre parce qu’il est valorisant. Le sel comme la lumière mettent en valeur et de façon humble. Ils existent pour l’autre. Le sel pour donner du goût, la lumière pour permettre de voir. On profite d’eux, ils sont indispensables et en même temps, on peut presque oublier qu’ils sont là. Comme Dieu.
Cependant, ce récit n’est pas que sympathique. Il est aussi brutal. « Si le sel devient fade, on le jette dehors et il est piétiné. » Cette brutalité nous oblige à entendre qu’être sel et lumière n’est pas qu’une option, un plus. C’est une nécessité vitale pour l’autre et pour moi.
Être sel et lumière, c’est faire le bien : « Voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre père qui est aux cieux. »
Remarquons que la gloire du père devient visible par nos engagements. Elle n’est pas dans le sanctuaire. Elle n’est pas sous le boisseau. Elle n’est pas la petite veilleuse que nous pouvons allumer au fond de l’église. Je répète l’évangile : « voyant ce que vous faites. »
Nous avons apprécié à Noël la lumière de la crèche. Elle était magnifique. Elle nous a donné de l’émotion. Elle nous a aidés à prier mais cette lumière ne remplace pas la lumière que nous apportons par le bien que nous faisons. C’est ce bien qui nous permettra de témoigner de la gloire de notre père.
Le bien dont il s’agit n’est pas défini mais nous en connaissons la source. Elle est dans les béatitudes que Jésus vient d’enseigner. Elle est dans la pauvreté du cœur, la compassion, la recherche de la paix, le service de la justice, la miséricorde, la purification du cœur.
Nous pouvons alors nous demander si nous en aurons la force, le goût, le désir. S’engager, c’est fatigant, risqué aussi…
Le prophète Isaïe nous propose une belle piste. Je la reformule à ma façon. Si tu est fatigué et bien occupe-toi des autres, va vers eux, engage-toi alors tu retrouveras des forces. Voici le texte que nous avons entendu, légèrement remanié : « Si tu fais disparaître le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi tu désires, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi, tes forces reviendront vite. »
Il ne nous reste plus qu’à nous décider. J’y vais ou je n’y vais pas ? Je ressors ou je reste dans mon salon ? Je m’engage ou je disparais dans les réseaux sociaux… ?
Quand nous nous posons ces questions, pourquoi ne pas faire l’exercice qui nous a été proposé au début de la messe ? Pourquoi ne pas nous souvenir de tout ce que nous avons reçu et qui était bon ? Alors entendre Jésus nous dire, me dire : « Tu es le sel de la terre, tu es la lumière du monde. »
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