L’Esprit conduit Jésus au désert pour être tenté par le diable. Il jeûne 40 jours et 40 nuits. Alors le tentateur s’approche.
Quel est l’enjeu de ce temps, de ce lieu, de cette épreuve ?
Nous sommes, comme nous le rappelle le livre de la Genèse, tirés de la poussière et nous retournerons à la poussière. Mais nous sommes également infiniment plus que de la poussière sous le regard de Dieu notre créateur. L’enjeu de ce temps de carême est de raviver cette conscience de notre condition à la fois finie et infinie.
Que vient faire le diable, Satan, dans cette histoire ?
Dans cet exercice que nous choisissons de vivre à la suite de Jésus tout est nécessaire, j’oserais dire tout est bon à commencer par le diable et les tentations.
En effet, l’enjeu est de prendre conscience du mal dont nous sommes capables, ce mal qui nous sépare de Dieu notre créateur. Alors, dans ce récit, Satan fait son travail de tentateur pour que nous apprenions à déjouer les pièges du mauvais. Il ne faut pas s’inquiéter du diable mais de la capacité que nous avons, chacun, de faire le mal, de l’incapacité que nous avons à le reconnaître.
A la racine du mal, il y a le mensonge, la parole de l’antique serpent de la Genèse. Il s’agit donc d’apprendre, de réapprendre à déjouer ses pièges.
Comment s’y prendre ?
Et bien regardons comment Jésus s’y prend.
A la première tentation, il répond : « Il écrit. » C’est donc dans l’écriture que nous apprenons à discerner le vrai du faux, le juste de l’injuste, le réel de l’illusion.
Mais ce n’est pas suffisant car le diable lui-même fait appel à l’écriture. C’est la 2e tentation.
Il reste un 3e temps, une dernière tentation. Le diable a déjà oublié l’écriture. Il n’est plus que séduction. Face à elle, Jésus dit stop, la conversation est terminée, « arrière, Satan. ». Puis il dit l’essentiel, ce qui est la source et la raison d’être de notre existence : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras. »
Le diable s’en va. Il a fini son travail. Les anges peuvent s’approcher et confirmer la parole de vérité que Jésus a choisie en conscience.
Il en est de même lorsque, après avoir discerné, nous prenons une décision. Nous ne sommes jamais totalement sûrs qu’elle est la bonne. Mais si nous sommes en paix, portés par la joie, nous savons que nous avons pris la bonne route.
Je laisse de côté tous les sujets possibles où le mal peut se glisser. Aussi les interrogations légitimes sur son origine…
Je termine en soulignant l’importance de l’écoute et de tout ce qui est nécessaire pour qu’elle nous conduise à faire un bon choix, nous remette dans la bonne direction.
Lundi, je suis parti faire du vélo dans les monts du lyonnais. J’étais en train de descendre en direction de Ste-Foy-l ’argentière, heureux comme Ulysse. Tout d’un coup, j’entends un bruit, un petit bruit. Je regarde mon vélo tout en continuant à descendre. Rien de particulier, je me dis que j’ai dû heurter une pierre. Je suis tenté de me dire que tout va bien mais le souvenir du petit bruit continue à m’intriguer alors je regarde, je scrute à nouveau mon vélo. Ecouter, c’est aussi regarder. Alors, je constate que mon bidon d’eau n’a plus de couvercle.
Immédiatement, je comprends que le petit bruit, c’est le couvercle de mon bidon d’eau qui est tombé sur la route. Ma première réaction est de jurer puis de me dire que je vais devoir remonter la pente puisque j’ai continué à descendre le temps de comprendre. Je suis tenté de ne pas remonter en me disant que je n’ai que peu de chance de le retrouver. Tout cela est très bref. Finalement, je m’arrête et je fais demi-tour.
Pendant l’effort que je produis en remontant la pente, mais je pense que je suis bien nul de n’avoir pas correctement vissé le couvercle de mon bidon. Je me demande si je vais le retrouver. J’évalue à peu près l’endroit où il serait tombé. Je regarde à droite et à gauche et je retrouve le couvercle de mon bidon d’eau.
Dans cette petite histoire, où était le mal ?
Dans le couvercle ? Il n’y est pour rien. Dans le fait de ne pas l’avoir vissé correctement. Oui, en partie. Il aurait été plus encore de douter de le retrouver, de ne pas faire demi-tour…
Surtout, il aurait été dommage de ne pas prendre au sérieux un tout petit bruit, de ne pas l’écouter.
C’est la morale de mon histoire : prendre au sérieux les petits bruits imprévus de nos existences et les écouter. Ne pas succomber à la tentation de les ignorer. En comprendre le sens. Les considérer pour ce qu’ils nous disent. Enfin, en tirer les conséquences pratiques.
Nous le faisons de façon prévue en ce temps de carême à la façon du Christ. Nous pouvons le faire chaque fois que cela est nécessaire
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