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Bruno Lachnitt

Homélie de Bruno LACHNITT pour la fête de l'Assomption

Dernière mise à jour : 2 sept. 2023

La fête de l’Assomption est une grande solennité et l’occasion de pèlerinages en des lieux de dévotion mariale. C’est aussi une grande fête chez nos frères orthodoxes où la tradition parle de la « dormition » de la Vierge Marie. Mais le rapport à Marie fait difficulté dans la relation avec la plupart de nos frères protestants. Sans prétendre réconcilier tout le monde en ignorant les différences, elles peuvent être accentuées par des malentendus quand notre relation à Marie est d’autant moins comprise qu’elle n’est pas ajustée.

C’est peut-être la raison pour laquelle la liturgie du 15 août nous fait entendre la veille au soir un bref passage du chapitre 11 de l’évangile de Luc avant que nous entendions ce matin la première lecture de l’Apocalypse. Dans ce court évangile d’hier soir, lorsqu’une femme élève la voix au milieu de la foule pour dire : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! », Jésus réplique : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! ». Si nous fêtons aujourd’hui Marie couronnée d’étoiles, comme on le chante à Fourvière, ce n’est pas pour une autre raison que parce qu’elle est plus que personne au monde, celle qui écouté la parole de Dieu et l’a gardée. C’est le premier point qui fonde une relation ajustée à Marie, « pleine de grâce ». Elle est celle qui a accueilli la grâce, celle en qui la grâce n’a trouvé aucun obstacle pour se déployer.

Le deuxième point, c’est qu’une relation ajutée à Marie nous oriente toujours vers le Christ. Marie n’est pas une autre médiatrice, elle ne concurrence ni ne réduit le rôle du Christ, elle y conduit, elle l’exalte. Notre relation avec Marie nourrit notre relation à son fils, elle nous conduit toujours vers Lui.

Si Marie est si importante dans la Foi, si la naissance de Jésus « de la vierge Marie » est inscrite dans le credo et fait partie du contenu de notre Foi, c’est que Marie est au cœur du mystère de l’incarnation. Le focus que nous raconte Luc à l’annonciation, juste avant l’évangile que nous venons d’entendre, depuis l’éternité de Dieu où se tient l’ange Gabriel, jusqu’à ce petit village de Nazareth dans la maison de cette jeune fille accordée en mariage à un homme de la maison de David, ce focus saisissant nous dit le mystère de l’inscription de Dieu dans notre histoire, inscription suspendue au consentement de cette jeune fille vierge : Dieu suspend son œuvre de salut au « oui » de Marie. Ce mystère étonnant lui confère une place toute particulière qui en fait notre mère dans la Foi.

Alors, l’évangile que nous venons d’entendre nous donne à contempler cette rencontre à la fois si ordinaire et exceptionnelle entre deux femmes dont la fécondité mystérieuse est liée à la parole de Dieu. Sur la parole de l’ange, Marie, en hâte, s’est mise en route pour aller aider sa cousine enceinte depuis plus de cinq mois. Arrivée chez Elisabeth, celle-ci lui révèle que l’annonce de l’ange « tu vas concevoir » est déjà réalisée : l’enfant a tressailli en elle devant le fruit que porte Marie qui exulte alors de ce cantique que nous connaissons par cœur, et que l’Eglise nous invite à prier chaque soir : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse ! »

Ces paroles font écho à l’évangile de la veille au soir que j’évoquais en commençant et renvoient à l’exclamation d’Élisabeth « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur », à ce oui continuel qu’est Marie dans son ouverture à la grâce dont l’ange lui révélait être comblée.

Marie qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » comme nous dit Luc après la visite des bergers à la crèche, et encore après l’épisode au Temple quand Jésus aura douze ans. Marie dont étonnamment aucun évangile ne raconte qu’elle ait vu le Christ ressuscité. Marie figure de l’Eglise par son ouverture à la grâce, parce que précisément elle n’a rien à faire valoir qu’elle n’ait reçu.

Quand nous nous tournons vers elle en reprenant la salutation de l’ange et les mots d’Elisabeth, c’est pour lui demander de prier pour nous « pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort », cette mort que paradoxalement la fête d’aujourd’hui nous dit qu’elle n’a pas connue. Mais s’il est un lieu qui définit Marie plus que tout autre, c’est au pied de la croix, ce « stabat mater » qui a inspiré les compositeurs. Et si Marie est « montée au ciel » comme nous le dit la Tradition, c’est sans doute pour mieux s’y tenir toujours au pied de toutes nos croix et veiller sur nous à l’heure de notre mort. « L’Esprit-Saint te couvrira de son ombre ». Cette promesse de l’ange réalisée quelque part sur le chemin vers la maison d’Elisabeth, ce peut être ce que Marie demande pour nous : que l’Esprit Saint nous prenne sous son ombre à l’heure du grand passage pour l’accueillir comme la promesse d’une rencontre où, comme nous le célébrons aujourd’hui pour Marie, la plénitude de notre humanité est appelée à être accomplie dans le mystère de Dieu.



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